Le cœur qui s’emporte. Le souffle qui rester coincé au fond de la gorge.
Elle attend. Elle attend que le temps file, que le temps passe, que le corps gras se détache de sa peau laiteuse. L’argent dont elle a besoin. Les cuisses qu’elle ouvre de temps en temps, mais les hommes qui font naître le dégout autant que le désir. Elle vacille entre les deux.
Il gémit. Il tente de la faire se cambrer, mais que des semblants qui se posent au visage, que des conneries dont elle emplit ses oreilles. Rien de vrai. Jamais rien de vrai. Pas avec eux.
Il se détache. Elle reprend son souffle et il se dirige vers la salle de bain pour prendre une douche, pour se défaire du bout de plastique qui les sépare encore. Mona. Elle n’accepte pas d’ouvrir les jambes sans protection. Elle a ses conditions.
Les doigts qui filent pour chercher, les tiroirs qu’elle ouvre, les vols qu’elle commet. Elle prend. Elle en a besoin. Elle attend la somme demandée et file, avec bien plus que ce qu’elle devrait avoir.
Un message sur son portable. Lui. Son agent. Son tortionnaire.

Les phalanges qui s’écrasent doucement contre la porte. Elle n’est pas passée chez elle. Cette envie de prendre une douche, de se défaire de l’odeur de ce porc.
La porte s’ouvre et elle croise son regard. Le sien qui ne bouge pas et la voix qui se fait entendre. « Entre.»
Elle ne parle pas, elle obéit.
« Nous allons partir. Tu vas me suivre, j’ai un endroit pour nous et je pense que le commerce sera bien florissant là-bas.»
Le ventre qui se tord, le cœur qui implose au fond de la poitrine. Elle ne comprend pas ce pouvoir. Elle ne s’oppose pas. Elle ne dit rien. Elle le déteste. Elle l’aime. Elle ne sait pas Mona. Elle est la poupée entre ses doigts.
Il s’approche. La pulpe rugueuse de la main qui se pose contre la joue et un baiser qui s’écrase sur ses lèvres parfaites.
« Va prendre une douche Mona. Nous partons demain. »
Elle se détache. Elle file sous l’eau. Elle respire enfin.

♦♦♦

Le corps qui tourne doucement, les draps qui se froissent.
Les rencontres qui se multiplient. Pas une semaine sans qu’elle passe. Pas une semaine sans qu’elle ne sente la poigne ferme contre ses hanches, les lèvres parfaites.
Elle ne fait pas semblant Mona. Le corps qui réagit à la moindre caresse, le corps qui se cambre sous les coups de reins et les souffles qu’elle ne force pas, les gémissements qu’elle ne feint pas. La première fois. Le cœur déviant qui s’emballe. Le cœur déviant qui s’emporte.
Elle ne comprend pas Mona. Elle ne sait pas. Les sentiments qui ne sont que des frasques depuis toujours, qu’un moyen pour gagner de l’argent, mais la dépendance qu’elle ressent et l’attachement qu’elle n’a pas le droit de sentir.

Le corps qui s’étire et la fatigue qu’elle ressent dans la moindre parcelle de ses muscles, les billes sombres qui se posent sur lui, un sourire qui étire les lèvres et la sonnerie de son portable qui fait sursauter son corps fragile.
Un regard. « Je dois prendre l’appel.»
C’est lui. Son agent. Elle ne peut pas ignorer. Elle ne peut rien faire. Elle n’a pas envie de partir. Elle n’a pas envie de rester. Elle ne sait pas quoi faire Mona, elle ne sait pas ce qu’elle est en train de faire.
Les pieds qui se posent au sol. Le corps nu exposé. La gêne qu’elle ne ressent pas. Les mots qui résonnent au crâne et le portable qu’elle ferme.
« Je dois y allez.»
L’argent qu’elle ne demande pas cette fois. Elle s’en fou. Elle aurait dû demander. Il va se douter.
Trop tard.